Non satisfait de plonger son pays dans une crise économique et sociale, voilà que le dictateur s’entiche de cryptos et décide de lancer une levée de fonds…

Alors que la pénurie s’accentue, dans les supermarchés les quelques personnes qui se baladent entre les rayons se désolent à la vue des étalages quasi vides. La colère monte mais ça on s’en fiche, le plus important pour le moment est de savoir si le succès va être au rendez-vous. Comme vous le savez peut-être déjà le dictateur a lancé son ICO. Côté technique, dès le départ c’était la confusion : token sur ethereum et puis changement de dernière minute, finalement ça sera sur la blockchain de NEM. Loin de briller pour son utilité elle peut néanmoins se vanter d’être à la hauteur du bling bling de certaines de ses concurrentes. En effet lors de la pre-sale VIP (vente privée – très privée)  38.4 % des tokens sur un total de 82 400 000 seront vendus à prix d’ami aux initiés. Il va de soi que les noms des VIPs ne seront évidemment pas révélés, le système socialiste en vigueur se montre très prudent dès lors qu’il s’agit de se remplir les poches.

Le vide sidéral est une des caractéristiques de cette ICO, en lisant l’article 5 du whitepaper, le constat est clair:

“Le détenteur de petro sera en mesure d’échanger l’actif  pour l’équivalent dans une autre crypto-monnaie ou en bolívares (monnaie du Venezuela) au taux de change du marché publié par la bourse crypto-nationale.”

En d’autres termes le PETRO est juste une autre crypto parmi tant d’autres ce qui contredit les dires selon lesquels il serait indexé au prix du pétrole. Il est cependant possible de l’échanger contre la monnaie vénézuélienne, le problème c’est qu’elle ne vaut pas grand chose. Pour vendre ou acheter le PETRO “indexé au pétrole”, vous devez le vendre sur une bourse gouvernementale avec un taux gouvernemental, une approche intéressante pour un marché censé être décentralisé. Le whitepaper indique que les investisseurs peuvent aussi utiliser des exchanges indépendants avec les taux du marché et …  miner. Alors que les spécifications techniques sont inexistantes, il est difficile d’imaginer pourquoi le PETRO aurait besoin d’être miné. Dans le cadre du bitcoin, de l’ethereum ou d’autres cryptos, le minage est le calcul fait par les nœuds du réseau pour l’ajout d’un nouveau bloc à la chaîne. Les calculs en soi n’aboutissent à rien: il s’agit de faire en sorte que l’attaque du réseau soit trop coûteuse pour avoir lieu. Le minage empêche ainsi toute partie de contrôler le réseau. Dans le cas du dictateur, si le gouvernement contrôle tous les nœuds, miner ne servira à rien. Une promesse récente de «mettre en place le minage de crypto-monnaie dans chaque état et municipalité du pays» implique que le réseau soit centralisé.

Incapable de redresser l’économie d’un pays aux abois, le crypto-dictateur veut faire croire au monde entier que cette levée de fonds va rendre service à son peuple. Satoshi/cypherpunks sont probablement ravis de voir que la technologie dont ils sont à l’origine sert de sauvetage financier aux privilégiés du “socialisme” vénézuélien.

 

Whitepaper

Ref

Image de fond: Pixabay

 

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